Travail Invisible
Un autre regard sur le travail des agents d’entretien
Exposition du 16 mai au 1er juin 2022
« As-tu déjà imaginé à quoi ressemblerait ton université si personne ne venait la nettoyer ? L’exposition « Travail Invisible : un autre regard” montre l’importance des agent.es d’entretien. Ils et elles font partie des “invisibles” de la société, mais sont pourtant essentiels à notre quotidien. Trop souvent oublié.es, nous voulons mettre en lumière ces femmes et ces hommes qui travaillent chaque jour pour rendre nos lieux de vie meilleurs.
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un travail collectif. Nous sommes un groupe de quatre étudiante.s en Licence professionnelle “ Métiers de l’animation sociale, socio-éducative et socio-culturelle ” du Département Carrières sociales de l’IUT. Nous avons, par le fait d’une demande enseignante et de notre propre choix aussi, décidé de travailler sur le sujet des femmes et hommes d’entretien dans l’idée de les rendre visibles. Dans le cadre de ce projet, nous avons été à la rencontre des agents d’entretien de l’Université Sorbonne Paris Nord sur le campus de Bobigny. Trois agents ont accepté de réaliser des entretiens pour répondre à nos questions. De ces entretiens, nous avons pu tirer des extraits permettant d’ancrer encore plus l’exposition dans la réalité du travail des agent.e.s d’entretien.
En conceptualisant notre projet, nous plaçons le travail d’agents d’entretien dans la catégorie « travail du care » qui est également victime du processus d’invisibilité. Selon Joan Tronto (2009), le concept moral dominant du travail repose sur un individu émancipé, autonome ayant accès à l’espace public, mais il ne reconnaît pas la valeur du travail des travailleurs domestiques, hommes et femmes immigrés, « femmes au foyer », infirmiers, aides-soignants, éboueurs qui permettent à d’autres une vie émancipée.
La non-reconnaissance de la valeur morale et sociale des métiers du soin est liée au fait qu’ils sont perçus comme des rôles attribués aux femmes dans la sphère privée (mère, aidante, soins aux autres), dont l’exercice n’exigerait aucune qualification ou professionnalisation.
Un regard intéressant sur cette question est proposé par Pascale Molinier (2006). Son analyse du « travail du care » indique qu’il est généralement perçu, même chez les féministes, comme une activité à éviter.
La société actuelle essaie de se couper du travail de soin en le déléguant aux plus pauvres. Selon elle, il s’agit d’une vision réductrice, oubliant sa dimension morale positive. Les tâches exécutées pour quelqu’un ont de la valeur pour ceux qui les exécutent. Pascale Molinier est sensible à ne pas négliger cette dimension, qui oblige à penser le soin
« au-delà de l’économie, au-delà de sa valeur marchande… », afin de ne pas le dénigrer au nom du professionnalisme.
En effet, si la crise sanitaire a mis en avant un temps les employé.e.s « invisibles », ces métiers sont encore trop peu valorisés et surtout ils se font dans l’ombre, à des horaires où le public n’est pas présent.
Et pourtant leur métier est essentiel.
Exposition proposée en partenariat avec le Service culturel de l’Université et le Département Carrières sociales de l’IUT de Bobigny.