Exposition CS / 11 au 28 janvier 2022

2022-01-12T13:46:28+01:00décembre 13th, 2021|Actualités - Carrières Sociales|

LES ETUDIANTS 

Les années d’études supérieures sont souvent le moment d’émancipation de l’étudiant vis-à-vis de ses parents. Le début de l’autonomie, les rencontres, les fêtes, les découvertes, les projections, la construction de son avenir, Du jour au lende- main, et pendant des mois et des mois, cet élan a été coupé par les confinements successifs liés au COVID-19. Les univer- sités se sont vidées et des milliers d’étudiants se sont retrouvés cloîtrés seuls dans leurs chambres. Fini les amphis bondés, les échanges des notes, les discussions au café après les cours, les soirées étudiantes… Et place au contraire à des médias relayant quotidiennement l’isolement, le détresse, la précarité financière, et l’incertitude face à l’avenir, de cette nouvelle génération d’étudiants. 

J’étais, comme tout le monde, confinée. Mon activité professionnelle s’était beaucoup ralentie avec la crise et j’avais enfin un peu de temps pour me consacrer à un projet photographique plus personnel. J’ai assez rapidement pensé à portraitu- rer des étudiants. Je voulais, à travers le portrait de cette jeune génération, saisir quelque chose de ce que cette crise avait suscité comme bouleversements dans nos vies. 

J’ai voulu aller au plus près de ces étudiants dont j’entendais souvent des généralités, des chiffres statistiques, et des té-moignages éclairs dans les médias. Mettre un visage. Accéder à un récit plus intime. Faire part de leurs inquiétudes, mais aussi de leurs rêves et espoirs. Les entendre aussi sur tout ce que cette crise avait pu susciter de positif, malgré tout. 

J’ai lancé un appel à participation dans différents réseaux universitaires et écoles supérieures en région parisienne et en Bretagne, où j’ai passé une partie du deuxième confinement. Je voulais rencontrer une pluralité de situations et de profils, car tous les étudiants n’étaient pas logés à la même enseigne. Etre étudiant en première année ou en Master, en école de commerce ou en fac de philo, n’était sans doute pas la même chose. Les cours dans les grandes écoles étaient pour la plupart maintenus en « présentiel », tandis que tout grand amphithéâtre d’université avait fermé ses portes. Les étudiants soutenus financièrement par leur famille n’ont pas vécu les choses de la même manière que ceux qui, sans soutien, se sont vus privés de jobs étudiants. Les inégalités de traitement liées à cette crise disaient évidemment beaucoup sur les inéga- lités tout court. 

J’ai réalisé ces portraits entre janvier et avril 2021, lorsque la crise sanitaire battait son plein. De longs mois de confinement étaient derrière nous, et les perspectives d’un avenir meilleur paraissaient encore lointaines. Des dizaines d’étudiants m’ont contactée, curieux du projet et touchés par ma démarche. Dans une période où toute nouvelle rencontre et ouverture vers un « autre chose » était devenue quasiment impossible, ma proposition photographique leur est apparue comme une bouffée d’air frais. Une opportunité de prendre part active à un projet au moment où tout s’était arrêté. L’occasion d’exprimer des choses, parfois difficiles, que chacun gardait pour soi, pensant qu’il n’était, finalement, pas le plus à plaindre. 

Il y a d’abord eu le temps de la rencontre, virtuelle. J’ai eu de longs échanges avec chaque étudiant par visioconférence. Chacun m’a livré son vécu, ses expériences et ses réflexions sur cette période. A travers ma webcam, devenue l’outil de socialisation par excellence à l’ère Covid, je suis rentrée dans la solitude des chambres étudiantes. 

Nous nous sommes donnés rendez-vous dans les couloirs, les amphithéâtres et les salles de cours vides. Nous avons beaucoup parlé. Je les ai photographiés. Les portraits que je vous présente ne se veulent pas un échantillon exhaustif des la situation des étudiants en temps de crise sanitaire. Ils sont le résultat de quelques rencontres et moments partagés. Les textes qui les accompagnent ont été écrits par les étudiants eux-mêmes. 

J’ai pris beaucoup de plaisir à rencontrer tous ces étudiants qui, loin de l’image irresponsable que certains médias don- naient de la jeunesse face à la crise et aux mesures de distanciation, me livraient des réflexions touchantes, profondes et souvent justes sur le rapport à soi, aux autres, à la vie, et à la société dans laquelle ils vivent. 

Clara Iparraguirre